L’ensemble de la société prend progressivement conscience des enjeux et des conséquences qui découlent de notre dépendance au plastique. Depuis quelques années, citoyens, entreprises et collectivités font émerger une multitude d’initiatives individuelles et collectives qui visent à apporter des réponses et des solutions concrètes à la crise de la pollution plastique.
Il s’agit de “repenser” notre usage du plastique plutôt que de “substituer” le plastique par un nouveau matériau ou procédé “miracle”. La cause principale de la pollution plastique est la surproduction et la surconsommation de cette matière à l’échelle de la planète. Les quantités de plastiques fabriquées sont telles qu’en découlent des montagnes de déchets impossibles à gérer sans impact sur l’environnement. Lutter contre la pollution plastique implique ainsi nécessairement de privilégier les solutions qui permettent de réduire en amont la production et la consommation de ce matériau et ainsi s’attaquer à la source du problème. Recycler permet d’atténuer le problème, mais ce n’est pas une solution suffisante à long terme. De même, substituer un produit plastique jetable par un autre produit à usage unique dont la composition serait différente (“bioplastiques”, mélange carton-plastique…), ne signifie pas nécessairement un impact environnemental réduit. Les véritables alternatives supposent en réalité d’abandonner le “tout-jetable”. Elles impliquent ainsi d’autres habitudes de consommation, d’autres modèles économiques, d’autres manières de répondre à un besoin. Heureusement, sur le terrain, nombre d’acteurs s’y attellent.
Les initiatives des citoyens et associations se multiplient pour développer des alternatives au plastique. Ainsi, par exemple, de nombreux ateliers “zéro déchet” sont organisés par des associations pour sensibiliser le public aux gestes à adopter pour supprimer le plastique de son quotidien : achat en vrac pour l’alimentaire, cosmétiques sans emballages, vaisselle réutilisable pour les événements, couches lavables... Au-delà des citoyens, il s’agit de convaincre également les commerçants : les associations zéro déchet locales comme l’association Zéro Déchet Lyon organisent des marathons où les bénévoles passent dans les commerces de proximité pour proposer aux commerçants d’apposer sur leur vitrine un autocollant indiquant qu’ils acceptent les contenants réutilisables de leurs clients. Fin 2018, 138 commerces lyonnais étaient référencés.
À mesure que les citoyens adoptent ces nouveaux gestes, des initiatives entrepreneuriales se développent pour répondre à cette demande. Ainsi, près de 400 commerces 100% vrac ont ouvert en France ces cinq dernières années. Réseau Vrac, association qui fédère les professionnels de la vente en vrac, créée en 2016, et ses actions (formation de plus de 600 professionnels du secteur, avancées réglementaires comme l’inscription dans la Loi d’une définition de la vente en vrac, création d’un Salon du Vrac pour les professionnels du secteur, etc.) ont permis des avancées notoires sur le marché du vrac, faisant de la France un pays particulièrement en pointe sur la question. D’autres initiatives visent à déployer de nouveau des dispositifs de consigne pour réemploi des emballages. Le Réseau Consigne fédère en France les entreprises, associations et collectivités locales qui cherchent à reconstruire des boucles locales de réutilisation des emballages. Parmi ces acteurs, l’association Bout à Bout travaille avec des producteurs et des distributeurs régionaux en Pays de la Loire pour leur permettre de basculer du jetable vers des bouteilles en verre réutilisables pour leurs produits. Au-delà des bouteilles, la consigne peut aussi s’appliquer aux boîtes à repas ou aux gobelets pour la vente à emporter. C’est le pari de nombreuses entreprises ou associations dans les villes françaises, comme “En boîte le plat” Toulouse qui approvisionne les restaurateurs en récipients consignés réutilisables en verre propre afin qu’ils puissent proposer cette offre à leurs clients.
Au-delà des individus, les décisions de politiques locales jouent également un rôle pour généraliser les alternatives. Les communes et intercommunalités disposent en effet de leviers importants. D’une part, elles peuvent agir via la commande publique, pour supprimer le plastique dans les services directement dépendant d’elles : l’Eurométropole de Strasbourg s’est ainsi engagée à supprimer les barquettes jetables dans les cantines scolaires. La maternité d’Alençon a choisi d’utiliser des couches lavables en remplacement du jetable. La ville de Pessac en Gironde prévoit quant à elle de distribuer des gourdes réutilisables aux agents municipaux en 2020 pour supprimer les bouteilles d’eau en plastique.
D’autre part, les communes ont la capacité de faciliter l’accès des citoyens aux alternatives au plastique. Ainsi, la ville de Roubaix organise un défi famille Zéro Déchet. Depuis 2016, 500 familles roubaisiennes ont intégré le défi. Elles participent à des ateliers et reçoivent des conseils grâce au programme organisé par la ville. Les collectivités locales peuvent également soutenir l’installation de commerces sans emballages ou de zones de réemploi en facilitant l’accès à des locaux sur leur territoire.
Ces initiatives peuvent s’inscrire dans un plan plus global “zéro-déchet” à l’échelle communale.
À l’échelle locale, les alternatives au plastique essaiment et s’organisent. Si elles impliquent de repenser certaines habitudes et certains besoins, elles permettent aussi, souvent, de favoriser le développement d’acteurs locaux, et de retisser le lien social. Ces initiatives doivent désormais s’étendre, et être soutenues et accompagnées de mesures structurantes à toutes les échelles : régionales, nationales, européennes et globales.